Dans la foulée du Tour de Guangxi, mais aussi du Chrono des Nations, lors duquel Stefan Küng et Rémi Cavagna ont obtenu les troisième et quatrième places, c’est la Veneto Classic qui venait dimanche conclure la saison 2025 de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. Contrairement à son épreuve voisine du Tour de Vénétie, elle conservait pour sa part le tracé habituel, avec un circuit autour de Bassano del Grappa incluant la répétition de la montée pavée de La Tisa (400m à 11%), puis une ultime boucle comportant la montée « gravel » de Diesel Farm (1,2 km à 10%) et la montée de la Strada Soarda (400m à 9%) à quatre kilomètres du but.  Sur un tel terrain, Romain Grégoire nourrissait naturellement de réelles ambitions, mais le scénario de course s’est avéré plus débridé que de coutume et près de vingt coureurs se sont extraits après une grosse bagarre au départ. « C’était une sacrée course, commentait Stéphane Goubert. C’est la fin de saison, certaines équipes ne voulaient pas prendre la course en main et cela a donné cette course. On avait Lorenzo devant. Sur vingt coureurs, c’était un peu juste, mais il fallait faire avec. On a mis à rouler derrière pour Romain, ce qui permettait de maintenir l’espoir en attendant de voir ce qu’allaient faire les autres équipes, et à Lorenzo de faire le minimum d’efforts devant. Il faut parfois savoir se servir de la présence d’un leader pour jouer tactiquement ».

L’écart n’a ainsi jamais franchi la barre des trois minutes, mais la course a été relancée à près de cent bornes de la ligne par l’attaque de Pavel Sivakov. Les coureurs ont par la suite entamé le circuit de La Tisa, à couvrir quatre fois, le Français intercalé a été repris, mais à quarante bornes de la ligne, l’échappée comptait toujours plus de deux minutes d’avance. Les favoris ont alors déclenché la grande bagarre dans le peloton, Romain Grégoire a répondu présent au rendez-vous, mais la collaboration au sein de ce groupe de poursuivants s’est très vite avérée imparfaite. A contrario, l’échappée conservait une bonne entente tout en se délestant de quelques unités. « Je n’avais pas de sensations incroyables, donc je demandais souvent l’écart avec le peloton pour savoir ce que je devais faire », confiait Lorenzo, malgré tout bien présent parmi les onze rescapés de l’échappée à l’entame du dernier passage par le mont pavé de La Tisa, à environ vingt kilomètres de l’arrivée. À l’issue de cette même difficulté, il est apparu clair que les favoris ne pourraient revenir, et que la victoire se jouerait donc entre les échappés matinaux.

Légèrement distancé après la dernière bosse pavée, Lorenzo Germani a toutefois récupéré les roues avant de prendre la direction de la montée « gravel » de Diesel Farm. « J’avais un peu de mal sur les pavés, mais sur le chemin, j’ai pris mon rythme dès le pied et j’ai pu basculer dans les premiers », confiait l’Italien, alors en tête de course aux côtés de Diego Ulissi, Florian Vermeersch, Davide De Pretto et Sakarias Koller Loland. « Je me suis dit que j’allais ensuite tout mettre dans le dernier raidard car je savais que j’étais battu au sprint », reprenait Lorenzo. « J’ai créé un petit écart au sommet, que j’ai conservé dans la descente. Malheureusement, au lieu de se regarder derrière, ils ont choisi de collaborer ». Sorti en costaud et isolé à l’entame des quatre derniers kilomètres, le jeune Transalpin n’a donc pu résister au retour de Vermeersch et Loland, étant rattrapé peu avant l’entrée dans les deux derniers kilomètres. Juste après le passage de la flamme rouge, Diego Ulissi a également opéré la jonction.

Dans un final quelque peu technique, et en faux-plat montant, le coureur de la Groupama-FDJ n’a ensuite pu rivaliser avec ses concurrents, devant se contenter d’une quatrième place rageante. « Je n’avais plus rien pour faire un sprint correct, confiait-il. Ceci étant, je ne m’attendais pas à jouer la victoire aujourd’hui. C’était dur de bout en bout, et jusqu’au final, j’avais du mal à savoir si j’étais bien. Je crois que c’est le type de course qui me convient. Ça s’est fait un peu à l’usure, et j’étais encore là dans le final. Je me souviendrai de cette course, malheureusement d’une certaine façon, car j’ai aussi conscience que je ne suis pas passé très loin de ma première victoire professionnelle ». « Lorenzo a joué son va-tout, et c’était mieux de faire ça que d’attendre le sprint, certifiait Stéphane. Si Ulissi était rentré sur les deux poursuivants, il est quasiment certain qu’ils se seraient regardés et que Lorenzo aurait gagné. Il n’est pas passé loin, mais j’ai surtout aimé cet état d’esprit. C’est une super prestation pour conclure la saison ».