Il est peu dire que les cinq-cents derniers mètres du premier acte au Luxembourg inspiraient Romain Grégoire. « On était venu reconnaître l’arrivée mardi avec les copains, et elle me plaisait beaucoup, confiait le jeune homme. Je savais que ça pouvait me convenir et j’étais motivé pour aller chercher la victoire aujourd’hui. Je n’ai pas hésité à demander à l’équipe de prendre la course en main, et c’est ce qu’on a fait ». Dans une étape d’ouverture de 152 kilomètres, autour de la capitale du Grand-Duché, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est donc rapidement signalée. « Il y a eu six échappés, et l’étape étant relativement courte, il ne fallait pas trop jouer, donc on a préféré mettre Eddy à rouler », indiquait Benoît Vaugrenard. Aux côtés d’autres formations, le rouleur breton a ainsi tenu la barre toute la journée, maintenant d’abord un écart d’environ deux minutes, avant que la marge ne se resserre à l’approche du final et de la côte de Stafelter (2,2 km à 7,2%), située à dix bornes du but. Le rythme s’est durci, les échappés ont été repris, quelques estocades ont eu lieu, mais Romain Grégoire, Tom Donnenwirth ou Enzo Paleni se sont montrés attentifs. « Il fallait être vigilant dans la dernière bosse puis on avait un plan dans le final, et tout s’est déroulé exactement comme on l’avait prévu, reprenait Benoît. C’était du tableau noir ».

Encore entouré d’Enzo Paleni, Lorenzo Germani et Tom Donnenwirth dans un peloton réduit, Romain Grégoire s’est dès lors laissé guider. « Il fallait être bien devant à trois bornes, Tom et Romain devaient virer dans les 5-6 premiers au pied de la bosse, ce qu’ils ont fait notamment grâce à Lorenzo », précisait Benoît. Aux premières loges, le principal intéressé confirmait : « L’équipe a fait un super boulot aujourd’hui, que ce soit pour contrôler l’échappée ou pour me positionner dans les meilleures conditions possibles dans le dernier kilomètre. Toute l’équipe a fait un boulot de fou ». Grâce à l’aide de ses coéquipiers, c’est bel et bien dans les cinq premières positions que le Franc-Comtois a entamé l’ascension finale, dans la roue de Tom Donnenwirth, qui a lancé son effort à l’entrée dans les 500 derniers mètres. « L’objectif était de monter à bloc dès le pied avec Tom afin de mettre les sprinteurs en difficulté, en particulier Marijn van den Berg, qui nous paraissait être le client, reprenait Benoît. On voulait que ce soit le plus dur possible afin que Romain puisse s’exprimer. Il ne fallait surtout pas que ça se pose, et Tom a très bien rempli sa mission ».

Quelques secondes plus tard, Romain Grégoire n’a pas hésité à embrayer. « J’ai certainement attaqué de trop loin mais je n’avais pas tellement le choix, confiait-il. J’ai senti que Tom commençait à fléchir un petit peu à 350 mètres, et quand il s’est écarté à 300 mètres, je me suis retrouvé devant, dans le vent, et je ne pouvais plus faire marche arrière ». Le Doubiste s’est alors flanqué d’une accélération tout en puissance, qu’il a toutefois fallu maintenir pendant plus de trente secondes ! « Je sentais Marijn derrière moi, je voyais sa roue dans le sprint, et je pensais qu’il allait me doubler à un moment, racontait Romain. J’ai réussi à remettre un petit cran dans les 100 derniers mètres pour ne pas qu’il passe, et ça a tenu ! J’ai eu peur, ça s’est vraiment fait dans la douleur, mais ça rend la victoire encore plus belle ». Au terme d’un sprint purement colossal, lors duquel personne ne sera remonté à sa hauteur, Romain Grégoire a donc levé les bras, en patron. « Il a été très impressionnant, mais on sait qu’il est très fort dans des sprints longs et durs comme ceux-là, confiait Benoît. Il est en pleine bourre, la confiance est à son maximum, et c’est une période qui lui convient généralement assez bien. Il prend des risques, et ça marche ! Il fallait tenter le coup, quitte à perdre ». Au bout du compte, c’est bien une victoire, sa cinquième de la saison, que Romain Grégoire a récoltée.  

Il s’est empressé de la célébrer avec l’ensemble de ses coéquipiers. « On a vraiment couru comme une grande équipe aujourd’hui, on est super content de ramener la victoire après cet effort collectif », affirmait-il. « On va logiquement parler de Romain, mais je veux souligner aussi le collectif qui a été vraiment exceptionnel, insistait Benoît. On a senti dans l’oreillette que Romain était prêt à assumer, et on sait que quand il est comme ça, il se rate rarement. Quand ça marche pour un leader, les équipiers se surpassent, et on voit le résultat ». Vainqueur du jour, Romain Grégoire s’est naturellement octroyé le premier maillot de leader, qu’il devra d’abord défendre jeudi sur une étape plutôt promise aux sprinteurs à Mamer. « Le classement général se décidera en grande partie sur le contre-la-montre de samedi, confiait Romain. On y pensera à ce moment-là. Il y a beaucoup de belles étapes sur ce Tour de Luxembourg. Il y avait celle d’aujourd’hui, c’est fait, on va maintenant penser à celle de vendredi ». « Avec une victoire d’étape, la semaine est déjà réussie, mais on ne veut pas s’arrêter là, concluait Benoît. On va rester prudent, humble et courir le plus juste possible, mais évidemment qu’on veut plus ».

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