Il aura été mis sous pression jusqu’au bout, mais ce dimanche, à Cardiff, Romain Grégoire a bel et bien assuré son sacre final sur le Tour de Grande-Bretagne 2025. Dans une sixième étape parcourue à vive allure, et après avoir notamment répondu aux offensives de Remco Evenepoel dans le final, le Franc-Comtois est solidement resté attaché à son maillot vert de leader. Dans la capitale galloise, il a ainsi validé son quatrième succès de la saison, et sa troisième victoire au général d’une course par étapes en carrière.
Tout juste 112 kilomètres séparaient ce dimanche matin Romain Grégoire de la victoire finale du Tour de Grande-Bretagne. Pour autant, maillot vert sur les épaules, le jeune Bisontin s’attendait évidemment à vivre une journée difficile entre Newport et Cardiff, sur un profil dépourvu de grandes ascensions, mais présentant tout de même un terrain toujours exigeant et un mur d’un kilomètre à 10% à dix bornes du but. « Les conditions météorologiques n’ont pas été faciles non plus, il a beaucoup plu, expliquait Jérôme Gannat. C’était aussi une étape en partie stratégique. Il a d’abord fallu filtrer l’échappée, qui est partie après une vingtaine de kilomètres. Il y avait quatre coureurs, le mieux placé était à 1’13 au général, ce qui n’était pas très inquiétant. L’objectif était de la maintenir à environ deux minutes car on savait que ça allait revenir dans le final, donc Reef et Matt ont roulé dans un premier temps. Au bout de cinquante kilomètres, ça s’est un peu énervé dans le peloton car on abordait un coin stratégique, avec des petites routes typiques du Pays de Galles. L’écart s’est réduit à environ une minute ». Momentanément stoppé par le passage d’un troupeau de vaches, le paquet a finalement navigué avec ce retard jusque dans les vingt derniers kilomètres.
« Je profite vraiment du moment », Romain Grégoire
Puis, suite à une grosse accélération à l’approche de la dernière difficulté du jour, l’avance de l’échappée est tombée à trente secondes. Dans « Caerphilly Mountain » (1,3 km à 9,6%), la dernière bagarre entre les favoris a bel et bien éclaté, et Romain Grégoire est donc entré en scène. « C’était une étape stressante, confiait Romain. Pour être honnête, je n’avais pas bien dormi. Il y avait beaucoup de coureurs proches au général, donc il fallait bien gérer. C’est ce qu’on a très bien fait en équipe. J’étais un peu nerveux car je savais que je pouvais tout aussi bien gagner que finir dixième ce soir. Ça n’a pas été facile dans la bosse, mais j’étais plutôt confiant, j’avais de bonnes jambes et j’ai pu suivre les attaques ». Après avoir parfaitement répondu à Remco Evenepoel et Oscar Onley, le Franc-Comtois a franchi le sommet dans un groupe réduit d’une dizaine de coureurs. « Les leaders se sont retrouvés en haut, reprenait Jérôme. Idéalement, Quentin devait être avec Romain dans le final mais il a eu un problème mécanique dans la bosse. Romain a dû gérer seul, au feeling, mais il lui fallait surtout surveiller Alaphilippe et Evenepoel ». D’autant que le Belge n’a pas immédiatement rendu les armes. « La descente n’a pas été simple non plus, ajoutait Romain. Remco a attaqué, ce n’était pas un moment amusant à vivre, mais j’ai réussi à le rattraper ».
Grâce à un solide effort, Romain Grégoire a donc permis un regroupement parmi les leaders à cinq bornes de la ligne. Puis, quelques instants plus tard, le groupe des favoris s’est étoffé. « Si on s’était présenté à 10/15 coureurs, ça aurait été vraiment dangereux pour moi, mais quand des sprinteurs comme Kooij et Watson sont rentrés, c’était plus simple à gérer, disait l’intéressé. Quand j’ai vu la Visma-Lease a Bike prendre la tête dans les deux derniers kilomètres, j’étais plus serein ». « Il restait aussi les trois rescapés de l’échappée devant, et ça nous allait bien également », embrayait Jérôme. Finalement, les fuyards ont été repris dans la dernière ligne droite et les bonifications à l’arrivée n’ont effectivement pas échappé aux hommes rapides. Olav Kooij s’est imposé, et Romain Grégoire a donc scellé son sacre final sur l’épreuve britannique. « C’est fou, s’enthousiasmait-il. Je suis vraiment heureux de cette victoire, pour moi et pour l’équipe. C’est incroyable de remporter un classement général sur une course comme celle-ci. C’est quand même quelque chose d’assez rare dans une carrière. Et puis gagner devant Remco et Julian rend la victoire encore plus belle. Je profite vraiment du moment. C’était la première course d’un gros bloc, alors commencer par une telle victoire va évidemment me donner beaucoup de confiance ».
« On peut être fier », Jérôme Gannat
Également lauréat du classement du meilleur jeune, Romain Grégoire a offert à l’Équipe cycliste Groupama-FDJ sa treizième victoire en 2025, mais la toute première sur un classement général depuis le Tour du Limousin 2023. « Il s’était mis cette course en tête car il savait que les étapes lui correspondaient, notamment celle qu’il a remportée, concluait Jérôme. Hier, il a assuré l’essentiel en terminant dans le groupe des grimpeurs sans prendre de cassure. Quand il est décidé, Romain est vraiment très fort. De manière générale, on a défendu le maillot pendant deux jours, et je pense qu’on l’a bien fait. On avait une équipe à la fois expérimentée avec Quentin et Olivier, mais on avait aussi le plus jeune coureur de l’épreuve dans nos rangs avec Reef, et un sprinteur en la personne de Matt. On a bien assumé nos responsabilités et notre stratégie, donc je pense qu’on peut en être fier. Enfin, c’était particulier car le staff de La Conti présent ici ne connaissait pas beaucoup les coureurs de la WorldTour, mais ça s’est bien goupillé. Il y a eu une très bonne ambiance et ça joue forcément aussi sur les résultats ».