La voilà, la cerise sur le gâteau ! Privé du maillot rouge de leader lundi soir, à la suite de sa victoire à Ceres, en raison du cumul des places face à Jonas Vingegaard, David Gaudu n’a pas laissé passer sa chance ce mardi. À l’occasion de l’arrivée de la Vuelta en France, à Voiron, le Breton s’est fait violence pour se mêler à l’emballage et repousser le Danois au moins huit positions plus loin. Un objectif largement rempli, qui a permis au grimpeur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ de prendre les commandes du général à la veille du retour en Espagne, où sera mercredi disputé un contre-la-montre par équipes. Le départ de Vuelta idyllique se poursuit.
L’idée trottait naturellement dans tous les esprits à Susa, en Italie, ce mardi matin. Classé dans la même seconde que Jonas Vingegaard après trois jours de course, David Gaudu n’était devancé par le Danois qu’en raison de leur classement lors du sprint d’ouverture à Novara. Huit places les avaient alors séparées, soit la différence que le Breton se devait de combler à Voiron lors de la quatrième étape s’il souhaitait ravir la fameuse tunique rouge. « On voulait tenter le coup, mais d’un autre côté, j’étais aussi un peu sur la réserve car on sait que les sprints peuvent être dangereux, et j’ai pris assez de gamelles cette année, confiait le principal intéressé. J’ai dit aux mecs que le premier objectif était de rester prudent. C’était un mini-objectif mais on ne voulait pas se prendre la tête avec ça non plus ». « Il y avait d’ailleurs deux cas de figures possibles aujourd’hui, poursuivait Frédéric Guesdon. La première était qu’un groupe de costauds profite du départ difficile pour sortir et jouer l’étape. Visma-Lease a Bike n’aurait sans doute pas défendu le maillot et ça nous aurait piégé automatiquement. Il fallait être bien vigilant au départ, on l’a été, mais ça n’a finalement pas bagarré bien longtemps. On a vite compris que ce serait une arrivée au sprint ».
« C’était à David de sentir quels risques il était prêt à prendre », Frédéric Guesdon
Comme la veille, l’échappée n’a été d’aucune menace pour le peloton ce mardi, après avoir escaladé le Col de Montgenèvre et le Col du Lautaret dans les soixante-dix premiers kilomètres. Les équipes de sprinteurs ont immédiatement pris le contrôle de la situation, et même ramené dans le rang les quatre fuyards du jour à plus de 90 bornes de la ligne. Un nouveau coureur est reparti à l’offensive dans la foulée, mais a été repris avant même la dernière heure de course, soit une dizaine de kilomètres avant le sprint intermédiaire. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ a dès lors été omniprésente en tête, auprès de son leader breton. « Je ne voulais pas disputer le sprint intermédiaire initialement, et j’étais content que le coureur espagnol soit ressorti car je me disais que Pedersen et Philipsen allaient peut-être faire les bonifications restantes, confiait David. Au final, j’ai été pris par l’engouement et je me suis retrouvé dans la roue de Ciccone ». Le Français a alors participé à ce sprint, sans toutefois pouvoir récolter quelconque seconde. « Les trois premiers sont Pedersen, Vernon et Stewart, précisait-il. Il n’y avait pas grand-chose à faire. En revanche, j’ai immédiatement dit à l’oreillette : les gars, on ne se démobilise pas. Il reste encore la ligne d’arrivée pour aller chercher le maillot ». Le mot est bien passé, puisque la formation tricolore n’a jamais quitté les avant-postes du peloton dans les vingt derniers kilomètres.
Stefan Küng a été le dernier lieutenant du grimpeur tricolore, jusqu’à environ trois kilomètres de la ligne. « David est deuxième du général, il marche fort, donc on se devait de courir devant et d’être à la hauteur, tranchait Frédéric. Le point clé était à 2,8 km, et on a à peu près réussi à tenir la barre jusque-là, puis ça s’est un peu emballé. On avait beaucoup donné avant, et c’était compliqué de garder les commandes face aux équipes de sprinteurs. En tout cas, on a compris que David marchait fort quand il a fait un sprint sur le côté pour se replacer devant le peloton à trois bornes. C’était ensuite à lui de sentir quels risques il était prêt à prendre. Le final était assez dangereux, et on savait que Vingegaard serait sur ses gardes. Il a d’ailleurs reculé un peu plus à cinq bornes, et David avait ça en tête. Il savait que c’était l’occasion d’aller chercher le maillot donc il s’est surpassé un petit peu, tout en étant prudent ». La bataille de placement s’est avérée particulièrement vive dans les deux derniers kilomètres, mais le coureur de la Groupama-FDJ est parvenu à accompagner le mouvement, jusqu’à couper la ligne en 28e position. « Je ne pouvais pas faire mieux, relatait David peu après l’arrivée. C’est la première et la dernière fois que je vais là-dedans. Ce n’est pas ma place (rires) ».
« C’est pour l’équipe que je suis allé chercher ce maillot », David Gaudu
Immédiatement rejoint par ses coéquipiers, à la recherche d’une confirmation quant à cet objectif « conquête du maillot rouge », David Gaudu se voulait prudent, mais confiant. Le léger doute a néanmoins été levé assez rapidement, Vingegaard ayant franchi la ligne dix-sept positions derrière son rival tricolore. La joie contenue a laissé place à l’exultation du Breton et de ses acolytes. La deuxième en deux jours. « Prendre le maillot, c’est un juste retour des choses pour le travail des gars aujourd’hui, affirmait David. C’est un peu symbolique car je gagne en Italie après un Giro raté, et je prends le maillot de leader en France. C’est un beau clin d’œil et ce sont beaucoup d’émotions. Je pense à toute l’équipe qui m’a soutenue depuis le début de la saison, à tous les gars qui sont là, qui ont fait du boulot et qui ont pris des risques. Ils n’avaient aucune certitude il y a encore trois jours sur mon niveau, mais ils m’ont fait confiance. C’est pour eux que je suis allé chercher ce maillot ». « On peut dire que c’est la cerise sur le gâteau, et c’est surtout dans la continuité d’un bon départ de Vuelta, ajoutait Frédéric Guesdon. C’est aussi une récompense de l’investissement mis par ce groupe pour préparer la Vuelta, et ça fait évidemment beaucoup de bien à l’équipe, qui méritait de retrouver ce genre de résultats ».
C’est auréolée d’une victoire d’étape, d’un maillot rouge de leader, mais aussi d’un podium lors de la première arrivée au sommet que l’Équipe cycliste Groupama-FDJ entamait donc son voyage vers l’Espagne ce mardi soir. « Le staff fait le transfert en voiture, les coureurs prennent l’avion, et même si le chrono par équipes est tard demain après-midi, il faudra que tout le monde soit à pied d’œuvre demain matin car les journées chronos sont toujours de longues journées, concluait Frédéric. Les 24 prochaines heures vont être très chargées, mais heureusement, les résultats donnent la banane à tout le monde ! On sait qu’il sera difficile de garder le maillot, mais l’équipe a bien préparé l’exercice et on voulait le faire à fond quoi qu’il en soit ». « On donnera tout, on verra bien ce que ça donne, mais à chaque jour suffit sa peine, ponctuait David. Pour l’heure, on a réussi l’objectif de la journée ».