L’Équipe cycliste Groupama-FDJ est passée par toutes les émotions ce dimanche lors du deuxième jour de course sur la Vuelta. Tout d’abord, ce fût de la peine, après l’abandon prématuré de Guillaume Martin-Guyonnet à la suite d’une chute sous la pluie. Ensuite, un véritable bonheur, lorsque David Gaudu a émergé parmi les favoris dans les derniers kilomètres pour aller chercher une splendide troisième place, au sprint, au sommet de Limone Piemonte. Le Breton démarre l’épreuve de la meilleure des manières et occupe de fait la troisième place du classement général ce dimanche soir.
Deuxième étape, et déjà une arrivée au sommet sur La Vuelta ! Ce dimanche, en territoire italien, le peloton devait rejoindre Limone Piemonte, à environ 1400 mètres d’altitude, après 160 bornes depuis Alba. Au bout du tracé, c’est une montée de dix kilomètres très roulante qui se profilait, à l’exception de deux derniers kilomètres plus abruptes, à environ 8% de moyenne. Tout laissait aussi penser à une course de côte, de par l’absence de difficultés au préalable. C’est pourquoi seuls quatre hommes sont sortis de bonne heure, sans jamais menacer le peloton, en contrôle toute la journée. D’abord relativement calme, l’étape a toutefois pris un tournant non-désiré à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée. « Malheureusement, la pluie est arrivée au mauvais moment, dans une partie du parcours un peu vallonnée et assez technique, avec pas mal de ronds-points, relatait Frédéric Guesdon. Cela s’est avéré encore plus critique pour nous, car dans la première courbe en descente un peu détrempée, Guillaume a chassé de la roue arrière, a chuté dans le fossé, et il n’a pas pu repartir ». L’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est ainsi retrouvée à sept, orpheline de l’un de ses leaders.
« Toujours important de lancer une bonne spirale », David Gaudu
Son autre « homme fort », David Gaudu, a quant à lui tenté de limiter les risques au maximum dans cette dernière heure de course. « J’étais tétanisé, confiait même le Breton. On n’est pas très loin de la maison, et je sais que quand il pleut ici, c’est une catastrophe. J’avais peur de revivre des épisodes passés, donc j’ai pris le pari de rester dernier du peloton ». « David n’était pas au mieux, et ça peut se comprendre, ajoutait Frédéric. On savait en revanche que les dix derniers kilomètres étaient sur de belles routes et en montée, donc le plus dur pour lui était d’arriver au pied sans trop de difficultés ». Chose faite, non sans mal, à l’issue d’une approche malgré tout mouvementée, et jalonnée de nombreuses glissades au sein du peloton. L’ascension finale a ensuite été escaladée à un rythme très soutenu. « Compte tenu du plateau et du profil de la bosse d’arrivée, dont seuls les deux derniers kilomètres étaient un peu plus pentus, on se doutait que ça se terminerait par un sprint en petit groupe, indiquait Frédéric. On ne savait pas combien de coureurs seraient encore présents. Je pensais voir un peu moins de monde que ce qu’il en a été, mais on est en début de Grand Tour et il y a un gros niveau ».
À l’entame des deux derniers kilomètres, près de la moitié du peloton était en effet encore en lice, et toujours une bonne cinquantaine à la flamme rouge. David Gaudu s’est alors signalé dans le premier quart du paquet, et était prompt à suivre le mouvement lorsque Marc Soler a tenté d’anticiper le sprint final. Le Breton a toutefois retardé sa mise en action pour finalement se jeter dans la roue de Jonas Vingegaard et Giulio Ciccone dans les 200 derniers mètres. Sur la ligne, seuls le Danois et l’Italien l’ont finalement devancé, le grimpeur de la Groupama-FDJ signant donc un remarquable podium d’entrée de jeu sur cette Vuelta. « Quand on a du David à 100%, c’est le genre d’arrivée où il est très fort, soulignait Frédéric. En soi, ce n’est pas une surprise. L’interrogation se situait simplement sur son niveau car ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas retrouvé dans un final. On se demandait comment il allait le gérer, il l’a très bien géré, c’est signe qu’il est à 100% ». « Ce n’était pas gagné, soufflait l’intéressé. Je voulais aller chercher un résultat pour Guillaume. Je n’y ai pas cru dans un premier temps, car je ne me sentais pas bien avant la montée, mais au final, ça a été et je suis vraiment content. Cela nous permet de bien démarrer cette Vuelta et je pense que l’équipe en avait besoin. C’est toujours important de lancer une bonne spirale lors des premiers jours d’un Grand Tour ».
« Le bilan reste mitigé », Frédéric Guesdon
Au contact des meilleurs et gratifié de quatre secondes de bonifications, David Gaudu pointe ainsi à la troisième place du classement général ce dimanche. « Il a passé des moments difficiles, donc c’est forcément une bonne chose de commencer la Vuelta par un podium sur la première arrivée au sommet, ajoutait Frédéric. Ça le met en confiance, ça met en confiance l’équipe, et il faut s’appuyer sur ce bon résultat pour la suite de La Vuelta ! Le bilan du jour reste mitigé, car malgré la belle performance de David, on est évidemment triste de perdre Guillaume, qui était motivé et qui était en forme pour cette Vuelta. Il s’était accroché malgré les difficultés sur le Tour et méritait de pouvoir s’exprimer ici. Pour lui comme pour l’équipe, c’est un vrai coup dur de le voir être éliminé sur chute dès le deuxième jour ». Transporté à l’hôpital, le Normand subira des examens pour définir l’étendue et la gravité de ses blessures. Le reste de l’équipe s’en ira lui disputer la dernière étape italienne de la Vuelta lundi, vers Ceres, où l’arrivée sera jugée après un faux-plat de 2500 mètres à 3%.