Valence était supposée accueillir la dernière explication entre sprinteurs de ce Tour de France. L’emballage a bien eu lieu, mais il a en revanche fallu batailler pour reprendre une échappée de quatre hommes dont faisait partie Quentin Pacher, désigné coureur le plus combatif du jour. Le sprint non plus n’a pas été des plus fluides après une chute à un kilomètre du terme. Paul Penhoët et Clément Russo ont pu passer à travers les gouttes et respectivement obtenir les septième et neuvième places du jour. Cyril Barthe, en revanche, a lourdement chuté et se voit contraint d’abandonner la Grande Boucle.
Avant d’entrer de plain-pied dans les Alpes, les cent soixante kilomètres de la dix-septième étape du Tour de France, vers Valence, concentraient ce mercredi les velléités de tous les sprinteurs. Avec seulement deux montées répertoriées en cours de journée, dont la dernière à plus de quarante bornes de l’arrivée, le tracé offrait une vraie opportunité, sans doute la dernière, aux hommes rapides. Mais un autre scénario était aussi envisagé. « On avait décidé de mettre un coureur devant, et on avait cité les coureurs à surveiller, comme Jonas Abrahamsen, exposait Benoît Vaugrenard. Avec la météo annoncée sur le final, à savoir de probables averses, on se disait que ça pouvait être jouable pour l’échappée. On ne sait jamais ce qu’il va se passer ». C’est pourquoi Quentin Pacher s’est extirpé dès les premiers instants dans un groupe de quatre hommes incluant le Norvégien cité précédemment, ainsi que Mathieu Burgaudeau et Vincenzo Albanese. « Le plan était de participer à la course de mouvements d’entrée, car on a vu depuis le début du Tour qu’il arrivait souvent que des petits groupes aillent loin, en étant rattrapés par des contres en milieu d’étape, ajoutait Quentin Pacher. Pour cela, il ne fallait pas non plus qu’on ait trop d’avance à la mi-course, entre les bosses, et j’espérais que ça donne envie à des équipes de relancer ».
« L’objectif est de saisir toutes les opportunités », Quentin Pacher
Les équipes de sprinteurs ont maintenu l’avance du quatuor sous les trois minutes dans la première moitié de course, et comme envisagé par le puncheur de la Groupama-FDJ, la course a été relancée dans la première difficulté du jour, à moins de cent kilomètres du terme. Le peloton a explosé et s’est même rapproché à trente secondes. « Quand j’ai entendu qu’il y avait des sprinteurs lâchés et que certaines équipes essayaient de les mettre à mal, je me suis dit que la désorganisation pouvait peut-être nous profiter, reprenait Quentin. Le meilleure chose aurait été que 4-5 mecs se dégagent, rentrent sur nous, puis qu’on puisse se battre avec le peloton sur la partie plane du final ». Toutefois, le peloton s’est d’abord recomposé avant d’aller chercher la deuxième difficulté, où seul Wout van Aert a attaqué. Le Belge n’a d’ailleurs pas été en mesure de boucher la minute le séparant de l’échappée. À l’entame du final, les quatre hommes de tête ont dès lors tenté de résister au peloton, en essayant de mettre à profit de l’apparition de la pluie sur le parcours. Cela ne s’est pas avéré suffisant, et Quentin Pacher comme ses acolytes ont été revus dans les dix derniers kilomètres. « Le but était d’être acteur et de ne pas avoir de regrets, complétait l’intéressé. L’objectif est de saisir toutes les opportunités qui peuvent se présenter. Ça pouvait en être une ».
Alors que l’Occitan a été désigné coureur le plus combatif du jour, le sprint final s’est préparé sur une chaussée glissante et à travers quelques ronds-points difficiles à négocier. Malheureusement, la chute n’a pu être évitée, et Cyril Barthe a fait partie des coureurs impliqués, au moment de franchir la flamme rouge. « On l’a évitée de justesse avec Paul », témoignait Clément Russo. « On sait que quand on met le nez à la fenêtre à cette vitesse, on le paie cash, reprenait Paul Penhoët. On l’a mis une première fois dans un rond-point, puis j’ai perdu la roue de Clément après la chute. J’ai dû fournir un premier effort pour rentrer. Puis un coureur s’est écarté dans le dernier virage gauche où je voulais prendre à l’intérieur. J’ai arrêté de pédaler un petit moment, j’ai repris du vent, et cela nous coûte sans doute une meilleure place aujourd’hui ». À l’arrivée, le sprinteur maison s’est ainsi doté de la septième place, alors que Clément Russo a terminé en neuvième position. « Dans un final normal, j’aurais été frustré de ne pas avoir pu faire le sprint que je voulais, mais je peux aussi être content d’être resté sur mon vélo dans ces conditions », concluait Paul.
Son coéquipier Cyril Barthe a quant à lui pu franchir la ligne d’arrivée mais ne pourra reprendre la route du Tour demain en raison d’une commotion cérébrale. « Il a bien tapé la tête, confiait Benoît Vaugrenard. Bien qu’il soit revenu à ses esprits, on sait par expérience qu’il faut être prudent avec ce genre d’incidents. On préfère jouer la prudence. Cyril est un coureur qui donne beaucoup pour le collectif et ça nous embête énormément de le perdre. Il a été exemplaire sur ce Tour, et ça fait mal au cœur de le voir partir. On avait encore besoin de lui jusqu’aux Champs. C’est un coup dur ». C’est donc sans le Basque que le peloton rejoindra la station de Courchevel lors de la première étape alpestre jeudi, qui empruntera le Col du Glandon, le Col de la Madeleine et le Col de la Loze.