Si les grands reliefs n’interviendront que plus tard dans la semaine, le peloton a pour autant grandement souffert ce lundi, à l’occasion de la dixième étape du Tour de France tracée sur le terrain très accidenté du Massif Central. Après avoir avalé près de 4500 mètres de dénivelé, Guillaume Martin-Guyonnet a rejoint la ligne en 25e position, environ sept minutes après le vainqueur Simon Yates, issu d’une échappée que Quentin Pacher a longtemps accompagné. Le leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a gagné deux places au général en ce 14 juillet, et profitera comme l’ensemble des coureurs d’une journée de repos très attendue demain, après dix jours de course consécutifs.
Dans l’attente de la haute montagne, un premier très gros morceau s’annonçait ce lundi sur les routes de la Grande Boucle. Depuis Ennezat et jusqu’au Mont-Dore, 165 kilomètres sans répit était à parcourir à travers les pentes du Massif Central, symbolisées par les huit ascensions répertoriées, dont sept de deuxième catégorie. Au total, cette dixième étape cumulait plus de 4300 mètres de dénivelé, et les choses sérieuses se présentaient dès les cinq premiers kilomètres avec la côte de Loubeyrat. « L’objectif était de prendre l’échappée car on savait qu’elle avait une chance aujourd’hui, mais à la vue du parcours, on savait aussi qu’il y aurait du beau monde dedans, et ce fût le cas », racontait Stéphane Goubert. Après dix kilomètres, un premier groupe s’est extirpé, avec Quentin Pacher, puis une poignée de coureurs est parvenue à revenir pour former une échappée de vingt-neuf hommes, incluant notamment Simon Yates, Ben O’Connor, Ben Healy, Thymen Arensman, Michael Storer, Lenny Martinez et bien d’autres. « Le départ d’étape a été costaud, et ça ne s’est pas posé dans l’échappée, expliquait Quentin. C’était une journée incroyablement exigeante, hyper rapide. On a pris jusqu’à cinq minutes d’avance avec l’échappée, mais on ne nous les a pas offertes, il a fallu aller les chercher ! »
« Le Tour ne fait que commencer pour les grimpeurs », Stéphane Goubert
Le tempo s’est d’ailleurs tellement accéléré dans une succession de trois côtes à environ cent bornes de la ligne que l’échappée a explosé en vol. Moins de vingt unités sont demeurées à l’avant, dont le représentant de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. Le puncheur occitan a même réussi à prolonger l’aventure jusqu’à cinquante kilomètres du but, avant de céder au sommet du Col de Guéry. « Quentin s’est bien battu, saluait Stéphane. Il a réussi à prendre l’échappée, ce qui montre déjà qu’il a la jambe ! Ensuite, il a fait ce qu’il a pu contre les top coureurs qui étaient devant. Quand il a cédé, il n’y avait plus grand-monde, et ils n’ont d’ailleurs pas été beaucoup à céder après lui. Quand on voit le classement de l’étape, il n’y a pas de quoi rougir ». « Je me suis retrouvé avec le réservoir vidé à un moment donné, et j’ai touché mon plafond en termes de ‘grimpette’, disait l’intéressé. C’est un des Tours de France les plus exigeants que j’ai courus, et ce n’est pas prêt de s’arrêter ». Huit fuyards ont finalement rallié la ligne avant le peloton, dont le vainqueur du jour et lauréat du dernier Tour d’Italia Simon Yates, ainsi que Ben Healy, nouveau maillot jaune.
Pour sa part, Guillaume Martin-Guyonnet a été contraint de laisser filer le groupe des favoris quand les hostilités se sont déclenchés dans le Col de la Croix Robert, à une douzaine de kilomètres de la ligne. Il a alors rejoint l’arrivée en 25e position, à environ sept minutes du vainqueur, et deux minutes de Tadej Pogacar. « C’était une journée très usante comme attendu, et je n’avais vraiment pas de bonnes jambes, j’ai vraiment souffert toute la journée, confiait le Normand. Je me suis accroché, et il faut passer par des étapes comme ça sur le Tour ». « Il ne faut pas oublier qu’il est tombé il n’y a pas si longtemps, rappelait Stéphane. Aujourd’hui, on passait des gros aux petits braquets, et c’est toujours une transition délicate, d’autant plus quand on a chuté. Il a passé cette étape, et il va aller de mieux en mieux. Il a bénéficié du soutien de toute l’équipe, que ce soit Cyril qui est allé chercher des bidons dans les moments délicats, de Clément, qui avait sorti les jambes de grimpeur aujourd’hui, puis bien sûr de Val et Romain qui étaient là en derniers remparts. Cela lui a permis de se battre à bloc jusqu’au bout. C’est important qu’il ait senti une équipe autour de lui. C’est de bon augure pour les Pyrénées et les Alpes, car le Tour ne fait que commencer pour les grimpeurs ».C’est quoi qu’il en soit une première partie de Tour très riche qui est arrivée à son terme ce lundi, après dix étapes. Le peloton va donc enfin pouvoir observer une journée de repos demain, avant de reprendre la route autour de Toulouse mercredi. « Paul et Romain ont répondu présent sur leur terrain en ce début de Tour, et Guillaume va répondre présent sur son terrain, concluait Stéphane. Il y aura aussi des étapes propices à l’offensive et ce sera à nous de saisir ces opportunités. Avec les garçons qu’on a, et la condition qui est la leur, on garde bien en tête l’objectif de victoire d’étape qu’on s’est fixé au départ ».