Guillaume Martin-Guyonnet se faisait une hâte de disputer le sixième acte de la Grande Boucle, en partie tracée sur ses routes d’entraînements et à travers les communes qui ont jalonné sa vie. Pour autant, le grimpeur tricolore s’attendait à une journée éprouvante depuis Bayeux et jusqu’à Vire Normandie, puisque le profil très ondulé de l’étape, illustré par les 3500 mètres de dénivelé recensés, laissait augurer une grande bataille pour l’échappée. Et c’est bel et bien le scénario auquel les coureurs ont eu droit, dès lors que le sprint intermédiaire situé en début de course fût franchi. Les offensives ont secoué le peloton de toute part, le gruppetto s’est formé d’emblée, et c’est alors une lutte quasi-ininterrompue de deux heures qui s’est tenue pour la constitution de l’échappée tant convoitée. « On sait que sur ces routes, bien qu’elles soient difficiles, tout le monde réussit à s’accrocher, et que ça peut durer assez longtemps, confiait Guillaume. C’est ce à quoi on a assisté ». Au sommet de la côte de la Rançonnière, après une cinquantaine de kilomètres, un groupe de cinq costauds est tout de même parvenu à ouvrir une brèche, et le « local » du jour a tenté de s’y immiscer. « J’étais un petit peu enfermé au moment où c’est parti, j’ai perdu vingt secondes et c’est ce qui m’a manqué pour être devant, regrettait Guillaume. C’est le vélo ».


Intercalé derrière Mathieu van der Poel, Ben Healy, William Barta, Harold Tejada et Quinn Simmons, le Normand a été repris après quelques minutes plus tard par le peloton, qui a continué à batailler pendant une trentaine de kilomètres supplémentaires. Cependant, seuls trois hommes ont réussi à opérer la jonction avant que l’accalmie ne se présente à la mi-course, et la Groupama-FDJ, malgré une solide relance de Valentin Madouas, n’a pu se joindre à la fête. « Ça pouvait partir n’importe quand et il fallait être tout le temps vigilant, confiait Guillaume. On a fait pas mal d’efforts pour essayer de prendre l’échappée, ça ne nous a pas souri, mais ça marchera une autre fois ». « On a vécu deux premières heures de fou, soulignait Romain Grégoire. Il fallait avoir la jambe pour être devant, et les huit coureurs qui sont sortis étaient simplement plus forts que nous. C’est décevant de ne pas avoir les jambes pour y aller, mais il n’y a pas de regrets ». L’échappée a alors pu se créer un large avantage dans la deuxième moitié du parcours et batailler pour la victoire, raflée par Ben Healy en solitaire. « On se doutait que l’échappée irait au bout, c’est donc une déception, confiait Benoît Vaugrenard. Il y a eu une grosse bagarre, mais on a toujours été à contre-temps. On a beaucoup subi aujourd’hui, il ne faut pas trouver d’excuses. J’espère que ça ira mieux les prochains jours. En tout cas, Healy paraissait intouchable. Il a encore fait un numéro extraordinaire ».Guillaume Martin-Guyonnet a lui rejoint la ligne à la 28e place, à 5’48 du vainqueur, et vingt secondes des favoris au classement général. « J’ai davantage le temps de savourer ma Normandie à l’entraînement que ça n’a été le cas aujourd’hui, souriait-il. J’ai malgré tout pu prendre du plaisir en essayant de me porter à l’avant, et j’ai pu passer dans mon village et le suivant en tête de peloton. Ce n’est pas une journée parfaite mais il n’y a pas de regrets car je pense que je n’étais pas assez fort, assez malin, ou les deux, pour réussir à rejoindre le groupe de tête. Au moins j’ai essayé, je garderai des souvenirs forts de cette étape ». Vendredi, le Tour de France prendra ses quartiers en Bretagne, avec un départ de Saint-Malo, et une arrivée à Mûr-de-Bretagne après une double ascension de la côte éponyme. « On va retenter, assurait Benoît. S’il y a une petite chance, on va la saisir ».

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