Cap sur la Normandie ! Après trois jours dans le Nord de l’Hexagone, le peloton du Tour quittait les Hauts-de-France ce mardi, depuis Amiens, pour rejoindre Rouen au bout de 174 kilomètres. Comme lors du deuxième acte, les puncheurs pouvaient saliver du menu proposé, puisque à la suite d’une première moitié de course relativement linéaire, pas moins de cinq côtes étaient à escalader dans les cinquante ultimes bornes, et même quatre dans les vingt-cinq dernières ! Il ne faisait donc guère de doutes que les fuyards n’auraient, aujourd’hui encore, pas la moindre chance de l’emporter. « J’avais reconnu l’étape, Guillaume aussi, et on savait à quoi s’attendre », confiait Benoît Vaugrenard. C’est d’abord une échappée de quatre coureurs qui a animé l’étape, et dont Lenny Martinez a été le dernier « survivant ». Le regroupement général s’est opéré à vingt bornes du terme, soit au pied de l’antépénultième difficulté de la journée, tandis que le peloton avait déjà commencé à s’écrémer. C’est toutefois la côte de la Grand’Mare (1,8 km à 5%), située à quatorze kilomètres de la ligne, qui s’apprêtait à faire exploser le paquet. Grâce à un gros effort de Lewis Askey et Quentin Pacher, Romain Grégoire a pu l’entamer dans les dix premières positions. « Le placement est quasiment le point le plus important dans des journées comme celle-là, et j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur une équipe ultra solide, confiait-il. On a vraiment une équipe qui a de l’expérience de ce point de vue et je leur fais 100% confiance. Aujourd’hui comme avant-hier, ce sont eux qui me sauvent ».

Bien placé, Romain Grégoire a également fait valoir ses jambes pour maintenir sa position à l’avant d’un peloton fragmenté. Et lorsque les équipiers de Jonas Vingegaard ont encore durci le rythme au sommet de cette avant-dernière côte, puis lors de l’approche sinueuse et dynamique de la dernière bosse, le Bisontin a parfaitement manœuvré aux côtés des favoris, s’installant notamment dans la roue de Mathieu van der Poel. S’est alors présenté le juge de paix de la journée, la Rampe Saint-Hilaire, et ses 800 mètres à plus de 10%. Le peloton, déjà extrêmement mince, s’est encore effiloché en raison du rythme infernal imprimé par les coéquipiers de Tadej Pogacar, et Romain Grégoire a pu s’accrocher… jusqu’au démarrage du champion du monde, à environ 250 mètres du sommet. « C’était un final de fou, confiait le jeune homme de 22 ans. Quand j’ai vu les UAE visser, je me suis accroché, mais ça allait beaucoup trop vite et j’ai essayé de gérer mon effort ». Au moment de basculer, pour rejoindre la ligne située environ quatre kilomètres plus bas, Romain Grégoire comptait une douzaine de secondes de retard sur le duo Pogacar-Vingegaard, et un peu moins sur un groupe intercalé. Mais le coureur de la Groupama-FDJ a profité de la portion descendante pour se livrer à un joli numéro d’équilibriste, au bon souvenir du Tour de Suisse, et a ainsi pu rejoindre le groupe de tête, composé de sept coureurs, à deux bornes du terme.

« On aurait voulu anticiper mais on a vite compris que ça serait compliqué quand les leaders ont fait rouler et se sont attaqués, exposait Benoît. On était davantage en réaction. Romain a fait un bel effort pour rentrer. Techniquement, on sait qu’il sait faire, il a un bon sens des trajectoires et il vire vite ». « À Boulogne-sur-Mer, je disais que j’aurais aimé être mieux placé pour voir ce que ça aurait pu donner, mais aujourd’hui, j’ai zéro regret, reprenait Romain. J’ai tout mis, je pense que j’étais au bon endroit quand ça s’est décanté, et ça s’est fait à la jambe ». Alors, bien que de retour en tête de course pour le sprint final, le Franc-Comtois n’a pu lutter face à Tadej Pogacar, Mathieu van der Poel et Jonas Vingegaard, et a été devancé d’un rien par Oscar Onley pour la quatrième place. « J’ai réussi à rentrer, mais eux avaient encore la capacité de ressortir un gros sprint dans les 200 derniers mètres, disait Romain. Moi j’ai pu me lever sur les pédales, mais je n’avais plus grand chose dans les jambes. Aujourd’hui, je peux dire que c’est une très bonne performance car j’ai tout mis, et c’était vraiment au courage. Un top-5 dans ce contexte, et vu ceux qui sont devant, je pense que c’est un très bon résultat ». « Il n’y a rien à regretter, abondait Benoît. On n’est pas déçus. Le classement ne laisse aucun doute : c’est le top niveau ».C’est donc à ce « top niveau » que Romain Grégoire a signé son deuxième top-5 sur ce Tour de France, en tout juste quatre jours, tandis que Guillaume Martin-Guyonnet a lui limité la casse (16e du général, ndlr) avant un rendez-vous déjà important mercredi. À Caen, trente-trois kilomètres contre-la-montre viendront en effet redistribuer les cartes dans la course au maillot jaune. « On sait que le chrono n’est pas sa grande spécialité, mais il le connaît, il l’a repéré, il est à la maison, et il est motivé », ponctuait Benoît.

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