ET BERGAME DEVINT FRANÇAISE

Les supporters de Thibaut Pinot, sous la houlette de son Collectif Ultras, s'étaient donné rendez-vous en Italie, à Bergame, pour la dernière course de leur idole. Et ils furent nombreux. Dès le jeudi, les vols pour la cité lombarde affichaient complet et dans ses artères, la veille du jour J, le français était devenu la langue locale. Au détour d'une rue de la "ville haute", nous pouvions tomber sur une centaine de fans se préparant à chanter tous en chœur lors d'un duplex de France 3 Franche-Comté. Quelques heures plus tard, plus de 150 personnes s'étaient regroupées dans un pub pour regarder ensemble le match France-Italie de la Coupe du Monde de rugby. Les Bergamasques, interloqués, se demandaient alors ce qu'il pouvait bien se tramer. Même stupéfaction le samedi matin, quand à 9h30, une foule encore plus dense s'est emparée de la Piazza della Libertà, réputée calme, pour lancer un concert de chants, sons de cloches comtoises et autres mégaphones. Le "CUP" (Collectif Ultras Pinot) avait réussi son pari : faire déplacer en Italie les plus grands admirateurs de Thibaut Pinot.

Une procession s'est alors enclenchée pour gagner le lieu où tout allait se passer, la Curva Pinot. Dans la version lombarde du virage de juillet, une ambiance de stade de foot, sport cher à Thibaut Pinot : tifo géant accroché sur la Porta San Lorenzo, des centaines de drapeaux, des fumigènes de toutes les couleurs et surtout beaucoup de chaleur dans les cœurs. À quelques kilomètres de là, à Côme, les coureurs prenaient le départ du cinquième Monument de la saison, l'homme du jour recevant les honneurs d'une Italie acquise à sa cause : une chèvre nommée Vittorià en guise de cadeau, les images de son sacre de 2018 en guise d'hommage, une pôle position sur la ligne en guise de reconnaissance. Le Franc-Comtois, qui tenait à absolument aller au terme du Tour de Lombardie pour sa ultima corsa, pouvait démarrer sa procession.
MARÉE HUMAINE À LA CURVA
 
Via della Boccola, il s'agissait alors de tuer le temps en attendant le passage du futur retraité. Comment ? En chantant à sa gloire, du matin au soir. Sur les coups de treize heures, Marc Madiot débarquait. À peine sorti de son véhicule, le manager de l'Équipe cycliste Groupama-FDJ se trouvait porté - littéralement - par la foule. Les heures ont passé, passé, Tadej Pogacar a fendu la marée humaine à toute vitesse et soudain... la rumeur s'est propagée : Thibaut Pinot vient de franchir la Porta. "Il arrive !" La suite irréelle, absurde, estomaquante. Dans un tableau quasi biblique, il traverse un virage noir de monde, ayant à peine besoin de pédaler tant son public le transporte. Quelques instants après l'impact, des âmes abasourdies s'éloignent pour s'asseoir et réaliser ce qu'il vient de se produire, tandis que d'autres spectateurs restent à leur poste pour offrir à tous les autres coureurs le même accueil mémorable.
 
C'était ça, la Curva Pinot. La manifestation excessive mais authentique d'un amour pour un coureur qui a, toute sa carrière, offert des émotions. Sa dernière danse ne pouvait qu'être une communion. Une heure après, au bus de l'Équipe cycliste Groupama-FDJ après une invitation formelle - au mégaphone - de Marc Madiot, tout le monde allait finalement pouvoir profiter une dernière fois de Thibaut Pinot et entonner pour la 174e fois de la journée l'entêtant "Chalalalala". Quand il est passé professionnel en 2010, le "gamin de Mélisey" n'aurait pas imaginé vivre une telle aventure sur le vélo. Il aurait encore moins cru qu'elle se terminerait ainsi : adulé, alors qu'il n'a jamais rien fait pour susciter cela, lui le taiseux, l'introverti. Revenu, depuis, chez lui dans le calme des Milles Étangs, il pourra mesurer tout ce qu'il a accompli.
Toutes les images de cette journée pas comme les autres :

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Passés professionnels tous les deux au début de la saison 2010, Arthur Vichot et Thibaut Pinot ont tissé des liens d'amitié tout au long de leurs neuf années communes dans l'Équipe cycliste Groupama-FDJ. Le Champion de France 2013 et 2016 a accepté de livrer son témoignage, à l'heure où son pote franc-comtois raccroche son vélo au clou.
« Ça y est, la carrière de Thibaut est terminée. Lui, moi, et beaucoup d’autres, on a constitué au fil des années un noyau de coureurs également amis dans la vie. Et… on était tous retraités. On a tous arrêté avant Thibaut. C’était le dernier à encore traîner dans les pelotons. C’est donc une page qui se tourne aussi pour nous tous. On continuait de vivre des émotions à travers lui, et là, ça y est, c’est terminé. Quatorze ans de carrière, c’est énorme. Quand on est passés pro en 2010, Thibaut et moi, on se disait : “Une belle carrière, ce serait dix ans chez les pros et dix victoires.” Il a largement dépassé ce standard. Il a vécu des émotions incroyables. Il a réussi pour sa dernière saison à être encore très performant, et a même terminé numéro un français. Mais à l’heure de raccrocher, Thibaut ne doit pas être fier de ses résultats : il doit être fier de son parcours. Le petit gars de Mélisey a accompli tout cela… C’est beau. Cette fierté, j’imagine qu’elle le gagnera plus tard, quand il aura digéré toute cette longue aventure, toutes ces années de sacrifice. Une longue carrière, c’est quelque chose de lourd, de pesant.

Quand je me souviens de 2010… Je me souviens de jeunes coureurs arrivant sur la pointe des pieds, sans complexe mais avec beaucoup de respect pour les autres. On a commencé notre carrière professionnelle ensemble sur le Tour Down Under en Australie. On s’est pris des claques d’entrée. Thibaut, certes, a obtenu de premiers résultats encourageants assez rapidement, mais ce sont des références que l’on peut relativiser quand on voit aujourd’hui quelles sont les performances de coureurs comme Lenny Martinez ou Romain Grégoire dès leurs premiers mois chez les grands. Ainsi, on mesure que c’est déjà une autre époque. Quand on a débarqué dans l’équipe, des coureurs comme Frédéric Guesdon ou Sandy Casar avaient déjà apporté leur pierre à l’édifice et rendu sans doute notre réussite possible. Mais Thibaut, notamment à partir de 2012, a ensuite donné un élan à tout le monde, a été une sorte de locomotive, à l’image d’autres leaders comme Arnaud Démare. Cela s’est inscrit dans une dynamique globale, qui concerne aussi la structuration de l’équipe. Je pense par exemple à son frère Julien, qui en parallèle de Thibaut, en tant qu’entraîneur, a à mon sens apporté beaucoup de modernité à l’équipe.
Thibaut a provoqué pendant toute sa carrière de l’affection chez les gens qui l’ont entouré. Je pense que ça s’explique par le fait qu’il a toujours respecté tout le monde : coéquipiers, dirigeants, entraîneurs, staff. Il savait être exigeant mais aussi indulgent. Il savait ne pas trop mettre la pression aux autres. Paradoxalement, je pense que c’était simple d’avoir un leader comme lui. Les choses se passaient et se vivaient simplement. Même sur les courses les plus importantes, le soir, on pleurait de rire à table tous ensemble. Même après une journée difficile, jamais il ne nous arrivait de subir un silence pesant dans le groupe une fois à l’hôtel. Thibaut est humain, entier, il ne triche pas. L’affection du public, elle, se comprend certainement dans le fait que ses supporters ont senti cette part d’humanité qui était en lui.

J’ai arrêté plus tôt que lui. Il me rejoint à présent du côté “retraité”. J’ai hâte de passer davantage de temps avec lui, ça me manque. Des moments entre amis, dans une vie normale, sans penser au lendemain. Quand on est sportif de haut niveau, on vit à 100% à travers le prisme de la performance. Quand on arrête, on ne sait pas ce qu’il va se passer et… on ne sait pas forcément qui on est vraiment. C’est là qu’on va le découvrir. Me concernant, même si ça prend du temps, j’ai trouvé que c’était une vraie introspection, quelque chose de super intéressant. On parle parfois de “petite mort”, s’agissant de la retraite sportive, or c’est peut être justement le contraire. On se confronte à une renaissance, une découverte de soi-même qui est précieuse et ouvre d’énormes perspectives. Thibaut va bientôt réaliser qu’il va goûter à quelque chose de nouveau. 
»
En douze photos importantes, retraçons ensemble la longue carrière de Thibaut Pinot.
Depuis sa création en 2015, Casiopeea aide les femmes touchées par le cancer à surmonter la maladie grâce au sport et notamment grâce à la pratique du vélo. Partenaire depuis 2021, Groupama est fier de s’engager aux côtés de l’association dans l’ensemble de ses projets autour du vélo. Comme chaque année, à l’occasion d’Octobre Rose, Casiopeea se lance dans un nouveau challenge. Après un voyage à vélo Paris-Bucarest en 2021, puis « Le Lien Rose » en 2022 pour dessiner un ruban rose entre Lyon-Lille-Paris-Nantes, l’association organisera cette année la « Rando Vélo Rose ».
Le 29 octobre prochain, ce challenge réunira 100 participantes, le temps d’une balade à vélo de 50 kilomètres depuis l’Esplanade du Trocadéro (Paris) jusqu’au circuit « Espace Plus » de Marcoussis (91), en passant par la vallée de Chevreuse. Il permettra à toutes de sensibiliser à la lutte contre le cancer du sein. Encadrée par les bénévoles de l’association, « la Rando Vélo Rose » se veut conviviale et accessible, afin d’être ouverte à toutes les femmes, peu importe leur niveau ou leur équipement. Pour le symbole, à moins d’un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, le parcours de « La Rando Vélo Rose » empruntera une partie des routes de l’épreuve cycliste olympique que les coureurs et coureuses professionnels affronteront.
Lors du week-end du Tour du Lombardie, nous avons sorti sur la boutique de l'équipe deux nouveaux t-shirts : le "Tifosi" et le "Pinot on Tour". En répondant correctement à six questions sur la carrière de Thibaut Pinot, vous aurez une chance d'être tiré au sort pour gagner un exemplaire de chaque. Si ce n'est pas le cas, vous avez toujours la possibilité de vous rendre sur la boutique de l'équipe !
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