Léo Vincent ne fait pas de bruit mais après une première année professionnelle perturbée par des ennuis de santé, il s’installe progressivement dans sa carrière de coureur cycliste et dans son équipe Groupama-FDJ. Solide grimpeur, bien que souhaitant travailler le contre-la-montre, le jeune Franc-Comtois a marqué des points au cours de ce printemps, notamment en participant activement à la victoire d’Arthur Vichot dans le Tour de l’Ain. C’est avec beaucoup de plaisir qu’il dispute pour la première fois le Critérium du Dauphiné.

« Ce Tour de l’Ain est mon meilleur souvenir chez les pros ! »

« Léo, ta dernière course a été le Tour de l’Ain et tu avais bien contribué à la victoire d’Arthur Vichot ?

Sa victoire montre que le travail a été bien fait, qu’Arthur a su bien gérer dans le final de la dernière étape. Dans l’ensemble, sur cette course, l’équipe Groupama-FDJ était costaud. Personnellement, quand je me suis écarté à 5 kilomètres de l’arrivée au sommet du Col de la Faucille en passant le relais à David Gaudu, il n’y avait plus grand monde dans le peloton, et je me suis dit que j’avais passé un cap par rapport à l’année passée. C’était une petite victoire personnelle. Ça me permet de montrer à mes directeurs sportifs que de temps en temps je peux être là dans le final. Le statut que je veux avoir se gagne comme ça !

Yvon Madiot me dit qu’il faut progresser et que c’est en faisant le boulot d’équipier qu’on prend de l’expérience et de la caisse pour les années futures. En tout cas, ce Tour de l’Ain est mon meilleur souvenir chez les pros !

Cela tranche vraiment avec ce que tu as connu en 2017 pour ta première saison professionnelle ?

J’avais eu des pépins. J’étais tombé pendant le Tour du Pays-Basque et puis j’avais chopé une bactérie à l’estomac après le Tour de Romandie. Tout ça en avril et cela avait mis du temps à passer. J’étais mieux en fin de saison, mais il y a un an, à cette époque de l’année, j’étais out. Après le traitement, j’avais été contraint de m’entraîner doucement, je n’arrivais pas à récupérer. Dix jours à faire de toutes petites sorties pour ne pas mettre plus de fatigue. Ce fut deux mois vides en pleine saison. Je pense aussi que l’enchaînement en World Tour des Tours de Catalogne, du Pays-Basque et de Romandie m’avait bien fatigué. Récupérer aurait été difficile mais avec la maladie ce fut très compliqué.

Tu as eu des moments de doute ?

Pas forcément. J’ai laissé le temps faire son oeuvre. J’avais préparé le contre-la-montre du championnat de France avec mes moyens, en pensant aussi aux courses de fin de saison. En revanche, j’ai passé un très bon hiver.

Cela se voit nettement dans les différentes courses par étapes que tu as faites ?

Oui ça va mieux cette année. J’ai pris du volume en fin de saison. Ca se confirme encore. Mon entraîneur David Han est plutôt satisfait, il voit que la forme est meilleure, que j’étais de mieux en mieux au Tour du Pays-Basque où j’ai travaillé en faveur de Rudy Molard. L’an dernier je n’en étais pas capable ! Là, j’avais fait une bonne dernière étape. Ma progression est là, même si cela ne se voit pas forcément. De toute façon, soit on progresse très vite, soit en prenant du temps. Depuis que je fais du vélo, je le fais petit à petit, c’était le cas chez les amateurs, en cyclo-cross aussi. La saison est longue, je compte bien en profiter parce que je n’ai pas encore eu de résultats prometteurs.

Selon toi, que te manque-t-il pour les obtenir ?

Un petit peu de chance. Savoir la saisir aussi. Chez les pros, c’est difficile d’aller chercher un résultat seul. C’est difficile d’être protégé sur une course mais c’est toujours plus motivant de me dire que l’équipe me suit dans mon travail. A moi de prouver que je suis capable de faire le boulot dans le final des courses. Après c’est à l’équipe de décider de me laisser ma chance dans une course. Ce n’est pas forcément au coureur de le décider.

 

« Je manque d’expérience mais ça va venir »

Yvon Madiot me disait pendant le Tour du Pays-Basque que tu cogites trop ?

Chez les amateurs, quand on est fort, on ne se pose pas de questions. On domine, on gagne, tout va bien. Dans le peloton pro, le niveau entre chaque coureur est assez similaire. Il y a des choix à faire au bon moment. J’ai encore un manque de repères, un manque d’expérience mais ça va venir. Je prends des automatismes, comme avec Arthur au Tour de l’Ain, mais il faut être fin dans la gestion des efforts. Avant de rejoindre l’équipe Groupama-FDJ c’était facile. Chez les pros, la force seule ne compte pas.

Tu envisages le scénario pour obtenir le fameux résultat prometteur ?

Une bonne échappée qui va au bout dans un final dur comme dans le Tour de l’Ain. Un final qui me convienne bien.

Quel est ton programme de courses à suivre ?

Le Critérium du Dauphiné à partir de dimanche, le championnat de France de contre-la-montre et la course en ligne. Je veux bien m’appliquer dans ces courses-là.

Tu les as préparées chez toi, autour de Besançon ?

Chez moi c’est vallonné mais pour préparer le Critérium du Dauphiné par exemple, je dois aller monter des cols. Ma grand-mère a un appartement aux Deux Alpes, j’y étais la semaine dernière. La météo n’a pas été géniale mais j’en ai profité pour monter des cols de 10 à 15 kilomètres. Les grands cols étaient encore fermés. J’ai fait l’Alpe d’Huez, les Deux-Alpes, la Croix de Fer, le Lautaret… Et j’en ai profité aussi pour tester les freins à disques !

 

« J’ai progressé en chronos »

Tu es en effet plutôt catalogué grimpeur ?

J’ai toujours été plutôt un coureur complet, pas forcément un grimpeur. Je n’ai pas un domaine privilégié. Je ne suis nul dans aucun domaine et je sais devoir me spécialiser mais je dois d’abord arriver à bien me connaître. C’est aussi pour ça que je veux bien préparer les chronos. Cette année je sens que j’ai progressé dans ce domaine.

Tu vas faire un Grand Tour cette année ?

Je ne me prends pas trop la tête, je n’ai pas envie de me mettre trop de pression.

D’abord le Critérium du Dauphiné et puis le championnat de France. Je peux envisager de faire la Vuelta mais c’est dans longtemps. Je suis dans la liste mais le mois d’août est encore loin. J’espère y être, ma progression passe par des courses comme ça. D’ailleurs, puisque je parlais d’une échappée, je pense que c’est plus jouable dans un Grand Tour que dans une course d’une semaine.

Par Gilles Le Roc’h

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