Jacopo Guarnieri est l’une des recrues de l’équipe FDJ cette année et son apport ne souffre d’aucune ambiguïté. En provenance de Katusha où il travaillait pour Kristoff, il doit permettre à Arnaud Démare de franchir un palier dans les sprints, de lever les bras plus souvent. Le Trèfle qui mobilise une équipe dévouée autour des deux hommes a déjà levé les bras à deux reprises dans l’Etoile de Bessèges et débute demain le Tour d’Algarve pour récidiver. Personnalité très attachante, le Parmesan nous dit sa joie d’évoluer dans cette équipe qu’il juge travailleuse et pleine d’avenir.

Jacopo, tu sais que ta venue au sein de l’équipe FDJ a été une grande surprise ?

La chose qui m’a fait prendre la décision de rejoindre cette équipe, c’est l’envie de Marc Madiot de me faire signer et celle d’Arnaud de m’avoir à ses côtés. Arnaud est déjà un grand coureur mais il peut encore s’améliorer beaucoup. C’est un challenge pour moi. Je suis très content d’être ici. Pour moi, ce n’est pas plus petit que les autres équipes où j’ai travaillé. La FDJ est World Tour, comme les autres équipes du World Tour. Elle est bien organisée. Il y a beaucoup de Français, il faut comprendre la mentalité française mais ce n’est pas un problème pour moi. J’ai juste une mentalité différente. Avant, j’étais dans des équipes internationales, où aucune mentalité ne dominait les autres. En arrivant à la FDJ c’était un peu la difficulté, mais tous mes équipiers sont de bonnes personnes avec moi, malgré mon Français. De toute façon, je savais où je mettais les pieds.

« Je suis ami avec Murilo Fischer et quand j’ai signé, il m’a dit ‘‘tu as fait le bon choix’’ « 

Pourquoi ?

Je savais que c’était la bonne décision. Je suis ami avec Murilo Fischer et quand j’ai signé, il m’a dit ‘‘tu as fait le bon choix’’.

Dans les stages d’avant-saison, tu as été surpris par la façon de travailler de ta nouvelle équipe ?

Oui, je peux le dire, pour moi c’est une surprise de voir comment cette équipe travaille. De l’extérieur, tu regardes l’équipe FDJ et tu te dis que c’est une grande famille mais une fois que tu es dedans, c’est très professionnel. Je suis ravi parce que c’est la vie. C’est la vie de travailler pour gagner. Aujourd’hui, dans le cyclisme, tout doit être top niveau et l’équipe FDJ est exemplaire.

C’est mieux que Katusha ?

Je ne veux pas comparer avec ce que j’ai connu mais ici, c’est vraiment très professionnel. Il y a beaucoup de travail, à tous les niveaux. L’entraînement, le suivi, la diététique. Tout.

Jacopo Guarnieri lors du stage de préparation à Calpe (Espagne – janvier 2017)

Tu as été engagé pour donner à Démare ce qui lui manquait parce que Mika Delage ne pouvait pas tout faire ?

J’ai commencé ce job de pilote chez Astana pour Guardini mais il n’est pas au niveau des meilleurs. Cette expérience avec lui m’a permis de comprendre que c’était ma place, que je devais continuer et j’ai signé avec Katusha où j’ai rejoint un très grand coureur, Alexander Kristoff. J’ai vu que si mon niveau est bon, je suis opérationnel à ce niveau. C’est un rôle que j’aime beaucoup et que j’aime beaucoup ici, à la FDJ. Mon but est d’améliorer le niveau de performance global. A Bessèges (deux victoires d’étapes), on a fait du bon travail mais il y a encore moyen de progresser. Le top niveau demande plus d’efforts. On apprend aussi de nos erreurs… De toute façon l’erreur est utile. Plus que la victoire parce qu’elle te fait réfléchir, elle te fait progresser. Ici, il y a de bons coureurs mais ils sont jeunes. Sarreau est jeune, Fournier est jeune. J’espère que mon expérience dans ce rôle va permettre à toute l’équipe de s’améliorer et de faire du bon travail dans Paris-Nice, dans le Tour de Suisse, dans le Tour de France…

> Etoile de Bessèges: « Arnaud Démare a fait le mur »

Et dans Milan-San Remo ?

Milan-San Remo c’est différent. Il faut juste la jambe.

« J’ai demandé aussi à faire la Vuelta pour moi. Mon premier travail est d’aider Arnaud mais je suis content aussi de penser à moi de temps en temps »

A quel niveau tu situes Arnaud Démare ?

Arnaud a moins de vitesse pure que Kittel, Groenewegen ou Cavendish quand la course est facile, quand le sprint est bien lancé. Mais sur des parcours mouvementés, avec des petites bosses, il est au niveau des meilleurs. Il a déjà gagné Milan-San Remo, la classique de Hambourg, des étapes du Tour de Suisse et de Paris-Nice, il a fait ses preuves. Quand la course est dure, il est un top sprinteur du peloton. Quand c’est plat comme à Dubaï, Kittel est incroyable mais quand la course est plus vraie, plus vallonnée, Arnaud est très résistant. C’est vrai dans les classiques aussi. Mon équipe est différente d’Etixx-Quick Step par exemple mais ceux qui travaillent pour les sprints d’Arnaud peuvent également très bien faire dans les classiques.

Jacopo Guarnieri et Arnaud Démare après la victoire d’Arnaud lors de la quatrième étape de l’Etoile de Bessèges (février 2017)

Marc Madiot ne cantonne pas ton rôle à la préparation des sprints des courses par étapes, il compte sur toi dans les classiques aussi ?

L’an dernier j’ai fait un bon Milan-San Remo avec Katusha et avant avec Astana j’ai fait un bon Paris-Roubaix. Depuis trois ans je ne l’ai pas fait à cause d’une tendinite ou de la maladie mais ce sont les deux classiques les plus importantes pour moi. J’ai fait top 10 de Gand-Wevelgem aussi et je pense que dans ces trois classiques je peux faire la différence pour l’équipe FDJ. Le Tour des Flandres, c’est autre chose, c’est une course plus individuelle. Si tu es fort, tu as un résultat. Arnaud est déjà top niveau dans ces courses, moi j’ai envie d’être le deuxième de l’équipe derrière lui. S’il a un problème, je dois pouvoir compenser. J’ai demandé aussi à faire la Vuelta pour moi, c’est une nouvelle étape importante aussi. Mon premier travail est d’aider Arnaud mais je suis content aussi de penser à moi de temps en temps.

C’est étonnant qu’un Italien ne parle pas du Giro ?

Je vis à Parme, c’est le top. Non, je ne parle pas du Giro. Je n’ai jamais rien fait dans le Giro, j’aimerais bien y faire un truc un jour mais j’ai signé avec la FDJ pour faire le Tour, pas le Giro. Si Arnaud fait le Tour, je ferais le Tour. Si on gagne une étape en juillet, c’est le top. Arriver dans une équipe française et être là pour gagner une étape, il n’y a rien de mieux.

Que penses-tu de Marc Madiot ?

C’est un mec spécial. Il aime beaucoup le cyclisme et j’aime beaucoup sa façon de parler. Moi, je suis une personne directe et je ne fais pas de grands tours pour dire quelque chose. J’y vais sans me poser de questions. Avec certaines personnes, ce n’est pas la bonne méthode mais avec lui c’est ce qu’il faut. J’ai parlé avec lui pendant deux semaines avant le Dauphiné. Avant le Tour c’était signé. Il sait ce qu’il veut et j’aime ça. Je demande quelque chose, avec lui c’est oui ou c’est non. Ce n’est pas peut-être ou on verra. Il sait ce qu’il peut faire et ne pas faire. Il est direct.

Quelle est la course de tes rêves ?

Paris-Roubaix. C’est la plus belle course du monde.

Par Gilles Le Roc’h

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