Il fait gris ce lundi mais dans les yeux de Lorrenzo Manzin, un grand soleil brille. A 20 ans et après quatre mois chez les professionnels, le sprinteur de l’équipe FDJ a levé les bras pour la première fois de sa carrière dans la Roue Tourangelle. Un moment fort pour lui qui a eu du mal à s’endormir dimanche soir mais qu’il inscrit dans la logique de son apprentissage.

Lorrenzo, dans le briefing dimanche, Thierry Bricaud t’avait désigné comme le coureur protégé ?

Avec la pluie, Thierry a préféré ne pas tout jouer sur moi. Il nous avait prévenu que ce pourrait être une course de mouvements et qu’il fallait rester vigilant et aller dans les coups. Quand l’échappée de quatre coureurs, dont David Boucher, s’est formée, il m’a prévenu que tout se jouerait dans le final. Sur le circuit on s’est retrouvés à 25 à l’avant dont 4 coureurs de l’équipe FDJ et j’ai bien compris que je serais la carte à jouer.

Comment l’as tu vécu ?

Avec de l’appréhension, ce n’était pas facile. Je me disais ‘’pourvu que rien ne m’empêche de faire ce sprint’’ parce que j’ai eu de la malchance depuis le début de saison et que cela faisait des mois que je n’avais rien gagné, depuis la Sport Breizh chez les amateurs en juin. C’est vrai que je suis avec l’équipe FDJ depuis le mois d’août et que le niveau n’est pas le même. Après un bon travail de mes équipiers, à 250 mètres de la ligne, j’étais bien placé et j’ai compris que j’avais l’opportunité de gagner. Je me suis lancé et j’ai levé les bras, c’est un soulagement.

Dis-nous les soucis que tu as eus cette saison ?

J’avais fait un bon début de Tour Down Under en Australie avec Sébastien Chavanel qui s’occupait bien de moi et puis je suis tombé dans la quatrième étape. J’ai été bien touché et j’ai dû observer un mois d’arrêt. Ce n’était pas évident mais l’équipe m’a laissé le temps de revenir. Ensuite j’ai fait des courses en Belgique, le Samyn, les Trois Jours Flandres Occidentales où il y avait beaucoup de tension. Dans le Tour de Catalogne où le niveau était très élevé, j’ai connu ma semaine la plus difficile, physiquement et mentalement c’était dur mais je pense aussi y avoir passé un cap. Dans le Circuit de la Sarthe, j’ai fini septième d’une étape mais dans le dernier sprint, j’ai eu un saut de chaine et je n’ai pas pu le disputer. Dans le Grand Prix de Denain, j’étais mal placé. Voilà, je sais bien que toutes ces expériences vont m’aider à progresser mais c’était vraiment frustrant.

Comment as-tu vécu ce début de saison compliqué de ton équipe, le plus compliqué depuis qu’elle existe ?

Ce n’était pas évident, il y avait de la pression à force. On a vraiment manqué de réussite, notamment Arnaud Démare dans les classiques. Et il y a eu des chutes et des malades comme Johan Le Bon en ce moment. Sans cesse le truc qui gâche tout. En gagnant dans le Circuit de la Sarthe, Anthony Roux nous a permis de souffler un bon coup. Puis Alexandre Géniez dans le Tro Bro Léon où j’ai pris du plaisir jusqu’à ma crevaison à 40 kilomètres de l’arrivée. Je gagne à mon tour et je suis fier de m’inscrire dans la bonne spirale de l’équipe.

Quel enseignement tires-tu de ton début de saison ?

Physiquement, j’ai progressé. Et heureusement parce que je me poserais des questions. J’ai également beaucoup observé les tactiques de course, je prends tous les conseils que me donnent les ‘’vieux’’ coureurs, Seb Chavanel et Anthony Roux notamment. J’ai également observé les grands sprinteurs que j’ai croisés, Kittel en Australie, Bouhanni ces dernières semaines. Ils sont tous différents et c’est intéressant. Moi, je préfère quand un de mes équipiers s’occupe de moi dans le dernier kilomètre, je passe bien les bosses et je pense que ce sera un atout mais je ne serai jamais un sprinteur comme Kittel ou Greipel. Et je le redis, il y a Seb qui m’apprend beaucoup même si je n’étais pas avec lui ces derniers temps.

Yvon Madiot te suit depuis longtemps, quel est son discours ?

Oui, il me suit depuis les cadets. Il sait que je suis un travailleur et il prend souvent de mes nouvelles, il m’appelle pour me rassurer. J’ai la chance de positiver très vite et de passer rapidement à autre chose. En Australie, après ma chute, j’aurais pu me lamenter mais ça n’aurait rien changé.

Tu es originaire de l’Ile de la Réunion, comment t’es venue l’envie de faire du cyclisme ?

J’avais un copain qui en faisait et je me suis naturellement inscrit dans son club. J’ai à peu près tout gagné là-bas avant de rejoindre le pôle espoirs de la Roche quand j’avais 16 ans. J’ai disputé des manches du Trophée Madiot en portant le maillot de Châteaubriant. J’ai fini deuxième d’une épreuve à Château-Gontier en gagnant le sprint du peloton en 2010 et c’est là qu’Yvon Madiot m’a remarqué. A l’époque, je n’étais pas tout le temps en France et je n’ai pas pu disputer toutes les manches mais j’ai fini quatrième du classement final. Ensuite, je suis rentré à la Fondation FDJ en rejoignant le club de l’UC Nantes.

Quel est ton programme désormais ?

Je vais prendre un peu de repos et c’est génial de le faire après une victoire. Puis je disputerai les Tours de Picardie et de Belgique, les Boucles de La Mayenne et la Route du Sud très certainement.

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