Frédéric Guesdon est l’un des créateurs de l’équipe FDJ. Il est même le seul à avoir été coureur puis directeur sportif du Trèfle. Avec Christophe Mengin qui vient tenir ce rôle quelques jours dans l’année. Il revient sur ces 20 ans qui lui ont permis de faire une belle carrière et lui ont assuré une très belle reconversion. Frédéric le loyal en parle comme toujours avec sincérité.

« Je me plaisais en Italie mais avec lui, il y avait un sacré projet, un sponsor sérieux, de grosses recrues »

Fred, quand tu as signé avec La Française des Jeux en provenance de Polti, rien, forcément, ne disait que tu serais toujours là 20 ans plus tard ?

Non, je n’imaginais pas ça. Vingt ans, tu te rends compte ? Je ne m’attendais pas à ça, ni pour moi ni pour l’équipe. En 1996, j’avais fini 14e de Paris-Roubaix et 3e du Championnat de France. Marc avait pris contact avec moi et était venu me voir au critérium de Lisieux. Je lui ai donné une réponse rapide. Je me plaisais en Italie mais avec lui, il y avait un sacré projet, un sponsor sérieux, de grosses recrues.

Ta victoire dans Paris-Roubaix au mois d’avril de la première année t’a offert un statut au sein de cette équipe ?

J’ai eu de la réussite tout de suite. J’ai gagné la Classic Haribo en février, puis j’ai disputé les classiques avec un bon groupe et j’ai gagné Paris-Roubaix. Il est venu là mon statut. J’ai eu l’occasion de partir ailleurs. Il y avait mon patron qui parfois m’agaçait un peu mais c’était une belle équipe. Je me reprends, Marc n’était pas catastrophique mais c’était un patron. Je me plaisais bien là. Et j’avais déjà noué une amitié très forte avec Christophe Mengin.

Frédéric Guesdon remporte le célèbre Paris-Roubaix le 14 avril 1997

Et tu y as fait une belle carrière ?

J’ai gagné Paris-Roubaix un peu trop jeune et Paris-Tours un peu trop tard. J’ai gagné à Roubaix avant toutes les histoires et j’étais jeune. Le cyclisme a recommencé à zéro et moi j’étais déjà là. Considéré comme un vieux. En 2006, à 35 ans, je gagne Paris-Tours mais je n’étais plus un espoir. Je ne rougis pas de ma carrière mais quand je compare avec certains jeunes qui n’ont pas un palmarès comme le mien aujourd’hui et sont traîtés comme des champions, je regrette un peu.

Et forcément tu as bouclé la boucle dans Paris-Roubaix ?

Oui, en avril 2012. J’ai été 18 ans professionnel, 16 ans à la FDJ. J’ai fait toute l’aventure, c’est bizarre et ça passe vite. Je ne les ai pas vues passer ces années.

Aujourd’hui, je suis directeur sportif et c’est très différent. Mes collègues sont d’anciens coureurs. La vraie passion c’est coureur et le deuxième métier c’est directeur sportif sans oublier ce que c’est d’être coureur. Je prends du plaisir sur certaines courses, comme quand j’étais coureur. Dans les classiques notamment mais les finir sans résultat, c’est très décevant. Je ressens toujours l’âme du coureur que j’étais. C’est bien aussi de gagner en étant derrière le volant, après un scénario prévu à l’avance dans mon briefing. Si l’équipe gagne dans un scénario que je n’avais pas anticipé, je ne dis jamais que c’est grâce à moi.

Quel est ton meilleur souvenir de coureur ?

Bien sûr Paris-Roubaix, j’ai fait toute ma carrière en tant que vainqueur. Paris-Tours au terme d’un chouette scénario. Et puis le Tro Bro Léon, ma seule victoire bretonne.

Frédéric Guesdon remporte la classique Paris-Tours le 8 octobre 2006

Quelle a été la meilleure équipe de la FDJ ?

La meilleure équipe c’est difficile à dire, il y a eu de bonnes années, au début et à la fin mais les premières années avaient été chouettes. Il y a eu un creux en 2001 et 2002, ce n’était pas toujours la bonne ambiance.

Et quel a été ton pire moment de coureur ?

L’année où la FDJ a voulu arrêter, en septembre 2001. Je ne marchais pas, j’avais des problèmes d’artère iliaque. Je me rendais en Belgique au Prix Van Steenbergen quand je l’ai appris. Il venait d’y avoir l’attentat à New York… Bon, ça a duré deux jours et Christophe Blanchard-Dignac a décidé de continuer. L’équipe a alors pris un nouveau départ. Il y a eu aussi ma chute en Australie en janvier 2012 qui a gâché ma fin de carrière. Je n’avais pas connu ça avant mais j’ai démontré après une grave blessure qu’on peut s’en sortir. Trois mois après, j’étais au départ de Paris-Roubaix que j’ai fini devant ma femme et mes filles.

Quel est ton sentiment quand tu vois les moyens mis à disposition des coureurs aujourd’hui ?

Je n’ai pas de regrets. Les entraînements d’avant j’aimais bien aussi. Le cyclisme a beaucoup changé. Je ne sais pas si c’est mieux, il faut faire gaffe à ne pas trop assister les coureurs non plus.

 

 « Je ressens toujours l’âme du coureur que j’étais »

Tu viens de finir le stage de Calpe, comment juges-tu ton équipe de sprinteurs et de classiques ?

Pour parler des classiques, c’est encore trop tôt. Pour le sprint, il y a eu beaucoup de boulot. De toute façon c’est simple, si on a du grand Arnaud Démare, on aura de grandes classiques. Je pense que Jacopo Guarnieri peut vraiment être présent. Il est très sympa, il s’est bien adapté. C’est un vrai Italien mais ne parle pas encore avec les bras (rire). Cimolaï est plus timide et réservé mais il est sérieux.

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Frédérique Guesdon dans son rôle de Directeur Spotif de l’équipe FDJ

Comment envisages-tu ta 21e saison avec le Trèfle ?

Pour gagner. Je vais être dans le Grand Prix ‘’La Marseillaise’’, l’Etoile de Bessèges, Le Tour d’Algarve, le circuit Het Nieuwsblad, Kuurne-Bruxelles-Kuurne, A Travers les Flandres et les classiques. Je suis le DS référent de huit coureurs (Arnaud Démare, Mickael Delage, Matthieu Ladagnous, Johan Le Bon, Olivier Le Gac, Marc Fournier, Marc Sarreau et Ignatas Konovalovas). De toute façon, DS aujourd’hui ce n’est plus comme avant, tu as du boulot à la maison. Il y a les coureurs à appeler, les parcours à préparer. Aujourd’hui, tu ne traces plus ton parcours sur la carte la veille de la course…

Par Gilles Le Roc’h

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