FDJ a choisi de fêter le vingtième anniversaire de son équipe cycliste de fort élégante manière. L’annonce en est faite ce samedi, l’entreprise dirigée par Stéphane Pallez a décidé d’être la partenaire d’une équipe féminine, la meilleure de France, FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope. Par son action, le Trèfle permet à la France de compter enfin sa première équipe professionnelle de cyclisme féminin. Pour la plus grande joie de l’un de ses dirigeants, Stephen Delcourt.

Stephen Delcourt, ce 26 novembre est un grand jour pour vous et les membres de votre équipe cycliste ?

C’est un grand jour, oui, mais il y a eu pas mal de grands jours avec la société FDJ depuis nos premiers échanges en février dernier. Il y a eu la première rencontre en mai et l’officialisation le 24 juillet de ce partenariat. C’est une formidable récompense pour notre structure qui a beaucoup grandi depuis sa création il y a 10 ans. Le cyclisme féminin allait très vite et même si on progressait, on ne parvenait pas à combler l’écart sur les meilleures équipes mondiales. FDJ permet de le combler et à six filles d’être absolument professionnelles.

« La saison prochaine nous ambitionnons le top 10 »

A quelle hauteur de budget vous situez-vous ?

FDJ augmente notre budget de 20% et devient notre premier partenaire devant la Région Nouvelle Aquitaine et le Futuroscope. Sous le nom de Futuroscope, cette équipe a été créée en 2006 par Monsieur Merlot, sa fille Emmanuelle Merlot était l’une de ses meilleures cyclistes. Elle est devenue ma femme. Cette équipe avait été créée avec 30.000 euros de budget. Moi, j’y suis depuis 8 ans. La première fois, j’avais validé les comptes en tant qu’expert-comptable. Depuis, nous avons fait beaucoup de chemin.

Concrètement que permet pour vous cette augmentation de budget ?

De garder nos meilleures coureuses, par exemple Roxane fournier, notre leader sprinteuse. Pour la première fois nous pouvons travailler dans la continuité. Avant c’était comme si l’équipe FDJ de Marc Madiot n’avait pas pu garder Thibaut Pinot et Arnaud Démare. Voir Audrey Cordon partir il y a trois ans a été un crève-coeur. Ce budget permet aussi de renforcer la structure en doublant le nombre de salariés. On a doublé le staff et cela va permettre de courir sur deux fronts. Nous allons passer de 70 à 110 jours de course. Je précise qu’il y a huit bénévoles, dont moi pour gérer l’équipe. Nous sommes des chefs d’entreprise à part entière. Je suis directeur de banque qui compte 15 salariés.

Qu’attendez-vous en termes de résultats en 2017 ?

Nous avons vécu la première année du World Tour féminin en 2016. Nous avons été classés à la 13e place sur 38. La saison prochaine nous ambitionnons le top 10. Parce que nous ne pouvions doubler les fronts, cette année nous avons loupé des courses importantes, en Suède, aux Etats-Unis et en France. En 2017, Le World Tour proposera plus de courses, Liège-Bastogne-Liège, l’Amstel Gold Race et le Tour de Norvège en plus. D’année en année, notre calendrier se cale sur celui des hommes. Hormis Paris-Roubaix qui n’existe pas pour les féminines mais nous seront partout présents.

Sur quelle coureuse comptez-vous principalement ?

Roxane Fournier gagne des courses, elle est dans top 25 individuel mondial mais sans avoir remporté encore de grosses courses. Elle va passer un palier et il y a aussi nos jeunes qui montent en puissance. Notre point faible est les classiques, notamment sur les pavés. Dans cette perspective mais pas seulement, on a recruté Roxane Kneteman, la fille de Gerrit qui fut un grand champion, ainsi qu’une de ses coéquipières, l’Australienne Shara Gillow.

Votre structure va-t-elle changer de service course ?

On reste au Futuroscope et j’apprécie le message délivré par FDJ, à savoir que nous devons être exemplaires. Elle ne met pas de pression sur le sportif, nous pouvons continuer comme nous le faisons depuis dix ans. L’équipe est solide, elle fait de la formation. On ne fait pas de bruit négatif mais désormais nous allons pouvoir allier formation et performance en restant attachés à nos racines.

« L’objectif est de progresser et nous profitons de ce grand jour pour annoncer que Lapierre sera notre nouveau partenaire cycles »

 

Allez-vous vous rapprocher du pôle performance de l’équipe de Marc Madiot ?

Il y a déjà des échanges avec le pole performance de l’équipe hommes qui nous accueille encore mieux que ce qu’on espérait. Nous, on est à l’année zéro par rapport à eux mais un élève de Frédéric Grappe en Master 2 va travailler sur le suivi de nos athlètes et notre directeur sportif, Nicolas Marche, a été formé par Frédéric également.

Allez-vous vous aligner sur le matériel de l’équipe professionnelle également ?

L’objectif est de progresser et nous profitons de ce grand jour pour annoncer que Lapierre sera notre nouveau partenaire cycle. Les filles ne le savaient pas encore mais elles vont être très heureuses. Durant notre rassemblement ce week-end, elles recevront les mêmes vélos que les hommes. Notre équipe est spécialiste du contre la montre et on va avoir les meilleurs vélos du monde. Les filles sont très exigeantes en terme de matériel et vont comprendre qu’on franchit un cap. On a gagné 1,2 kilo par vélo monté ! C’est énorme ! Sans Lapierre, je peux dire qu’on n’aurait pas eu Shara Gillow.

Imaginez-vous, dans le court terme, pouvoir rivaliser avec les meilleures équipes du Monde ?

La formation Boels-Dolmans a écrasé la saison et a tout gagné. Elle compte les deux dernières championnes du monde. C’est une structure comme celle des hommes avec plus d’un million d’euros de budget, toutes les filles y sont payées à plein temps. Dans notre plan, on peut rivaliser. Il nous faut deux ans de tests et en 2019, si nos sponsors veulent nous accompagner, on veut être prêt à rivaliser avec les grosses structures qui vont continuer, elles-aussi, de progresser. On souhaite que nos coureuses disposent des mêmes moyens financiers et techniques que les hommes. On verra alors un cyclisme féminin plus attractif encore.

Qui sont les six coureuses professionnelles de votre team cette année ?

Je le disais Roxane Fournier mais aussi côté français, Aude Bihanic et Charlotte Bravard. A Roxane Kneteman et Sharaw Gillow, il faut ajouter la Japonaise Eri Yonamine qui avait signé chez nous en août après l’annonce de l’arrivée de FDJ en juillet. Elle a fait ses preuves. Je précise qu’il y a également six autres filles qui sont étudiantes. Chez les féminines, à 19 ans on passe pro, il n’y a pas de catégorie U23.

Comment allier vos projets de performance et de formation ?

La mise en place est progressive. Comme le fait l’équipe masculine auprès des jeunes, nous allons participer à la formation de minimes-cadettes âgées de 14 à 16. Elles vont rester dans leurs équipes mais on va les aider à grandir. Je précise que nous sommes très fiers de compter parmi nous une étudiante en cinquième année de médecine (Annabelle Dreville), une autre en master de STAPS qui est également soutenue par le programme Challenge de la Fondation FDJ (Séverine Eyraud). Toutes deux obtiennent de super résultats en France. Elles vont continuer de prendre leurs marques. A l’avenir, en 2019, nous tablons sur 10 filles à plein temps et 6 en formation pour les 19–23 ans qui pourront continuer leurs études. Personne ne le fait dans le cyclisme féminin et nous sommes en sommes très fiers.

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